Sucre, l'autre poudre blanche
Le sucre… notre plus fidèle consolateur, attentif et zélé ! Une sucrerie… et nous voici apaisés. Mais attention ! Sous sa douce apparence, il possèderait un potentiel addictif l’apparentant à une véritable drogue, au même titre que le cannabis ou la cocaïne. L’industrie agroalimentaire n’hésite pas à l’incorporer, avec une inventivité sans borne car, outre ses propriétés de texture, de saveur, de couleur, de conservation et son bas coût, il provoque le manque, le désir et bien sûr… l’achat.
Le sucre, est-il vraiment nécessaire à notre consommation ?
Oui, bien sûr : le cerveau en consomme environ 180 g par jour, par exemple. Mais les glucides (ou sucres) naturellement contenus dans les fruits, les légumes, les céréales complètes, les légumineuses suffisent amplement à couvrir nos besoins. Tout ce qui est en plus, est de trop ! Un corps humain de 65 kg, par exemple, ne contient que 1,5% de son poids en glucides, soit 975 g. Imaginez ce que l’arrivée d’une canette de coca (qui apporte à elle seule l’équivalent de 7 sucres) peut provoquer comme panique !
Est-il vraiment si dangereux pour notre santé ?
Oui, oui et oui ! Le sucre caché dans les plats industriels, ou consommé hors repas, perturbe la glycémie et favorise le stockage et l’apparition de diabète de type 2. Le sucre fait aussi partie des facteurs environnementaux influençant l’expression de notre génome et est, directement et indirectement, responsable de troubles tels que : obésité, inflammations, maladies auto-immunes, troubles cardiovasculaires, dépression, fatigue irrépressible… la liste est longue. Le sucre, et tout particulièrement le fructose largement incorporé dans l’alimentation industrielle, est aussi impliqué dans l’augmentation des lipides et du cholestérol dans le sang, et responsable de l’accumulation de graisse hépatique, comme nous l’explique la biologiste Anne-Françoise Burnol.
Une drogue ? vraiment ?
« Nous avons découvert que le sucre (naturel ou synthétique) a un potentiel addictif plus élevé que la cocaïne » ainsi s’exprime Serge Ahmed, directeur de recherche au CNRS, neuroscientifique, auteur de plusieurs études sur le sujet. Même si ces affirmations demeurent contestables appliquées à l’homme, il n’en demeure pas moins que les produits sucrés activent le « système de récompense » dans le cerveau et stimulent notre production de dopamine, hormone du plaisir, et de sérotonine, hormone apaisante.
Une fois le sucre consommé, le plaisir qu’il nous procure s’estompe en quelques dizaines de minutes. Alors, nous recherchons à nouveau ce sentiment de plaisir, nous reprenons donc du sucre. Cependant, les récepteurs situés sur les synapses, habitués à recevoir de la dopamine en grande quantité deviennent, au fil du temps, de moins en moins sensibles à cette molécule. Il faut donc pour procurer une même récompense, c’est à dire, un même plaisir, consommer une quantité de plus en plus importante de sucre : c’est le mécanisme de la dépendance.
Ce qui possède un goût sucré… d’accord, mais comment savoir si ce que je mange contient des sucres cachés ?
La principale caractéristique des sucres cachés, c’est qu’ils sont… cachés, justement, et ne sont pas détectables par la saveur sucrée. Alors, le meilleur indice réside dans l’étiquette. Si le sucre figure en premier, deuxième ou troisième dans la liste des ingrédients, c’est que votre produit est une véritable mine de sucre. Il se cache derrière plusieurs dénominations, à savoir tous les mots se terminant en –ose : sirop de glucose-fructose, dextrose, saccharose, galactose, maltose… Mais aussi : sucre inverti, caramel, mélasse, jus de fruit, jus de canne, extraits de sirop de maïs, dextran, dextrine, maltodextrine…
Ce sucre ajouté est souvent du fructose, car il est peu cher. Pour le fabricant ses avantages sont nombreux : pour un coût moindre, il rehausse le goût, masque l’acidité ou l’amertume, agit comme conservateur, bloque l’oxydation dans les charcuteries et les viandes, et permet la formation de composés colorés et aromatiques.
Mais alors, je ne pourrai plus jamais manger de gâteau ou mousse au chocolat ?
Bien sûr que si. Il est important de commencer par prendre conscience du sucre que vous absorbez chaque jour sans même vous en rendre compte.
La meilleure tactique est ensuite de fuir les plats préparés industriels, de cuisiner et consommer les aliments les plus « nature » possible. Il s’agit aussi de choisir des aliments à faible index glycémique tels que les féculents ou le pain complet ou semi-complet, d’augmenter sa consommation de légumes verts, de surveiller aussi les étiquetages et éviter la consommation de produits sucrés en dehors des repas. Le choix du sucre lui-même se portera sur le sucre bio. Il est un peu plus cher mais comme on veillera à moins en prendre… Progressivement le sevrage s’opèrera sans même vous en rendre compte et vous vous surprendrez à trouver ce beau dessert, décidément… trop sucré !